Buenos Aires (Plaza de Mayo)
Buenos Aires... A plus de 11.000 km de Paris, la capitale de l'Argentine est située encore plus au sud que Le Cap ou Sydney ! Durant mon enfance, c'était pour moi une ville mythique, dont le seul nom évoquait la contrée lointaine et fabuleuse où vivait un cousin de mon père. J'ai toujours rêvé d'y aller un jour, et ce rêve est aujourd'hui devenu réalité...
Ville gigantesque, la deuxième de l'Amérique du Sud après São Paulo. Une agglomération de près de 13 millions d'habitants, soit le tiers de la population totale du pays. Un urbanisme effréné, surtout en périphérie. Un bassin d'emploi prodigieux pour toute l'Argentine et même les pays voisins, mais aussi le terrain d'une énorme économie parallèle. Une ville en marge du monde, mais où pourtant on se sent presque en Europe. Une ville très latine, foisonnante de monde et d'idées, et où l'on prend encore le temps de vivre.
Lorsqu'on quitte l'aéroport d'Ezeiza, à quelque 30 km au sud de la ville, on traverse des faubourgs très modestes, de facture latinoaméricaine, composés de maisonnettes de briques disparates, posées le long de rues tracées au hasard. Des terrains de foot fleurissent un peu partout, trahissant la passion des Argentins pour ce sport. Mais à mesure que l'on s'approche de la grande ville, les bâtisses deviennent de plus en plus hautes, les matériaux sont plus nobles, le tissu urbain est de plus en plus dense et ordonné. En entrant dans les quartiers du centre-ville, le long de l'Avenida 9 de Julio ou autour du Microcentro, on est frappé par l'aspect très européen de la ville, tant par ses bâtiments qui semblent avoir été importés de Paris ou de Madrid, que par sa population. Bien rares en effet sont les Porteños (les habitants de Buenos Aires) qui n'ont pas au moins un ancêtre italien, espagnol ou basque. Une plaisanterie locale dit d'ailleurs que si les Mexicains descendent des Aztèques ou les Péruviens des Incas, les Argentins, eux, descendent ... du bateau ! Entre 1871 et 1914, plus de 5 millions d'Européens ont en effet débarqué à Buenos Aires, et plus de la moitié firent souche en Argentine. Ils étaient originaires d'Italie et d'Espagne, bien sûr, mais on compte également parmi eux de nombreux Juifs russes ou polonais, Turcs, Français (mais oui !), Autrichiens, Allemands et même Britanniques.
Une visite de Buenos Aires commence naturellement par la Plaza de Mayo (la Place de Mai), qui en constitue le centre historique, et est aussi le coeur de la nation argentine tout entière. Jusqu'à un passé récent, les fameuses Mères de la Place de Mai y défilaient tous les jeudis, pour rappeler au monde entier la mémoire de leurs enfants disparus durant la dictature des généraux (1976-1983) ; aujourd'hui âgées, elles n'y défilent plus que très épisodiquement. Le nom de cette place fait référence à la Révolution de Mai 1810, qui libéra la ville de l'emprise espagnole et fut à l'origine de l'indépendance du pays. On en célébrera le bicentenaire très prochainement, avec tout le faste qu'exige un tel événement.
A l'ouest de la place, un peu écrasé par les édifices qui l'entourent, se trouve le Cabildo, l'ancien hôtel-de-ville, éclatant de blancheur. Il est le symbole du passé colonial de la ville, même s'il a en fait été en grande partie reconstruit au XXe siècle, d'après des plans du bâtiment original datant de 1725. De l'autre côté de l'Avenida de Mayo se dresse l'imposant bâtiment de la Municipalidad (Municipalité) de Buenos Aires.
Au nord de la place se trouve la très austère cathédrale métropolitaine, qui ressemble à un temple de l'Antiquité (un peu comme notre église de la Madeleine à Paris). Elle est surtout connue pour renfermer dans son enceinte le mausolée du général José de San Martin (1778-1850), le grand héros argentin de l'Indépendance sud-américaine.
A l'est de la place, faisant face au Cabildo, se trouve la Casa Rosada (Maison Rose), siège de la présidence argentine et du gouvernement. La couleur rose symbolise l'union de deux partis qui s'opposèrent pendant plus de cinquante ans, au XIXe siècle : le rouge des Fédéralistes et le blanc des Unitaristes. La présidente actuelle (depuis 2007) est Cristina Fernandez de Kirchner qui, dans cette fonction, a pris la succession de ... son mari, Nestor Kirchner !
Les Argentins, en provenance de tout le pays, adorent se faire photographier devant les grilles de la Casa Rosada. Qu'ils soient du Nord-Ouest, des Andes ou de Patagonie (le pays est grand comme cinq fois la France), ils rêvent tous de faire au moins une fois dans leur vie le voyage de Buenos Aires.
Face à la Casa Rosada se trouve la statue équestre du général Manuel Belgrano (1770-1820), autre grand héros de l'Indépendance argentine. Cette statue a été exécutée en 1873 par le sculpteur français Carrier-Belleuse.
Un peu à l'écart de la Plaza de Mayo, au sud, se trouve la basilique Santo Domingo, bel exemple de l'architecture coloniale portègne du XVIIIe siècle.
Après cette visite très touristique mais indispensable du Microcentro de Buenos Aires, nous avons le droit d'emprunter l'Avenida de Mayo, qui conduit de la Plaza de Mayo au Congrès national de l'Argentine, et de nous arrêter au célèbre Café Tortoni pour y prendre un repos bien mérité. Ce café est le plus ancien de Buenos Aires et de tout le pays. Il a été fondé par un Français en 1858, et fut fréquenté de tout temps aussi bien par des intellectuels que par des hommes politiques ou des artistes. Au fond de la grande salle, trois statues de cire représentent l'écrivain Jorge Luis Borges, le chanteur Carlos Gardel et la poétesse Alfonsina Storni, trois "institutions" de l'Argentine.
Les trois statues de cire représentant l'écrivain Jorge Luis Borges, le chanteur Carlos Gardel et la poétesse Alfonsina Storni.